Bidouilles sur le casque USM1 :
Quelques infos sur les copies de casques américains
La visite des sites de militaria américains sympa est toujours éducative. Voici des éléments tirés de l’excellent site de Chris Armold, tmcx.com, portail sur de nombreux vendeurs nord-américains. C. Arnold est également un spécialiste reconnu des chapeaux en peau de Sherman et son site reprend des infos passionnantes de ses deux livres parus chez Bender. Il y a également une page “bidouilles” (Collector alerts) et, avec l’aimable autorisation de l’auteur, j’ai traduit quelques infos susceptibles d’intéresser les collectionneurs européens.
On voit apparaître d’abord des copies de coiffes de casque US M1917 et M1917 A1 (modèle 1GM muni d’une nouvelle coiffe en 1931). Elle sont surtout à vendre sur le premier site US d’enchères tous domaines sur internet (e-bête) et présentées comme pièces de rechange pour restaurer une vieille bombe (ce qui est intéressant car la coiffe des casques AEF 1917-18 est très fragile). Même si elles sont fort bien faites, il y a encore du boulot pour qu’elles copient l’original. Donc méfiance si vous êtes en présence d’une bombe sablée et repeinte (par exemple), munie d’une coiffe qui fleure bon le cuir frais et neuf.
Mais les plus croustillantes des repros actuellement proposées - car les plus lucratives, évidemment - sont les copies de casques para US M1C et M2 (attaches demi-lune).
Lors de sa dernière visite en bourse, notre ami a constaté que tous les casques para en vente étaient des faux.
Le moindre super-rare casque demi-lune n’est autre qu’un brave M1 standard sur lequel on a procédé à l’ablation des attaches rectangulaires de jugulaires, remplacées par une jugulaire elliptique resoudée. Comme C. Armold, nous pensons qu’il est criminel de bousiller un bon casque M1 (dont la cote est d’environ $50) pour en faire un M2 (dont la cote en tant que repro n’est que de $125. Mais imaginons ce que ce casque deviendra s‘il traverse l’Atlantique...).
Pour ne pas se faire avoir, il est indispensable de se munir d’une loupe (on en est là...) pour guetter les traces de soudure et de re-peinture autour des anneaux de jugulaire.
Plus redoutables encore, les casques légers de para. On bidouille même les casques premier type Hawley en fibre, en les munissant des fameuses sangles en A.
Il existe aux USA des stocks de bonnes sangles et de rivets d’époque, sans compter ceux qui sont re-fabriqués. Attention donc à toute trace de bricolage sur les rivets qui retiennent les sangles du casque léger (en carton-fibre ou en plastique), il est difficile de les retirer et d’en riveter d’autres sans laisser de traces, mais le jeu en vaut la chandelle.
Terminons par une réflexion sur ces copies et les copies en général aux USA. La reproduction ou copie ne traîne pas là-bas la connotation honteuse qu’elle a chez nous. Fabriquer une copie et le vendre comme telle n’est pas répréhensible.
Les copies (uniformes et équipements) ont d’abord été destinées aux reconstitueurs, et leur fidélité aux originaux était toute relative. Avec la raréfaction des pièces et le fait que les reenactors se sont rendus compte qu’une tenue aussi fidèle que possible c’était mieux, sont apparues des reproductions de haute qualité. Elles ne sont plus fabriquées au rabais dans le sud-est asiatique, mais plutôt aux USA, au Canada ou au Mexique, en petite série et à un prix plus élevé, justifié par une fidélité presque totale à la pièce originale.
Donc là-bas, pour monter vite un mannequin et se faire plaisir, on peut se procurer facilement tout ce qui était quasiment introuvale en “bon”. Cette évolution n’est pas aussi dangereuse qu’il y paraît car les copies sont annoncées comme telles sur les listes et sur les sites et on est au courant très rapidement de qui a fait fabriquer quoi. En bourse, si cela n’est pas indiqué sur l’étiquette, on peut poser la question et le vendeur vous répondra benoîtement que oui, il a fabriqué ce superbe liner para dans son garage la semaine dernière. (Y’en a qui font de la musique dans leur garage, d’autres font des casques...).
Bref, on trouve de tout au USA, et les quelques collectionneurs français qui ont commandé des copies en ont eu pour leur argent. Ceux qui en ont eu pour leur argent aussi, ce sont les habiles spécialistes de l’import USA (pas de vinyle, mais de kaki caca) qui achètent en petite quantité (car toute série de copies est limitée par le coût) tout ce qui est rare et cher chez nous, et surtout médiatique (gilets d’assaut D-day, sac de masque amphibie, tenues para, etc.). Comme d’habitude, pas de précipitation, il n’y a pas de copies 100% parfaites, une comparaison avec le bon est toujours déterminante.
Collectionneurs d’US, mes frères, méfiez-vous car il n’y pas que les amateurs de feldgrau qui sont visés.
Je finirai par une nouveauté : un petit site propose maintenant des copies de brodequins US 1GM, d’autres copient même des pantalons moutarde, des pinks et des chemises, dans la gamme de tailles “bouffeurs de hamburgers”, bien sûr. Les Ricains on les aime bien, mais parfois, ils vont trop loin...
El Charbo